FOXY BRONX

HER PRIVATE HELL

Lucia Modunio, aperçue dans Diabolik et quelques peplums et comédies italiennes des années 60, incarne Marisa, un top modèle italien fraîchement débarquée en Angleterre dans le but de donner un nouvel essor à sa carrière. La belle se retrouve rapidement inféodée et asservie à une agence de mannequins aux pratiques douteuses, dirigée par l’inquiétant Neville (Robert Crewdson) et l’intrigante Margaret (Pearl Catlin).

Rendue dépendante par une relation amoureuse entretenue avec son photographe personnel qui la manipule de manière subtile, la cover girl alterne séances de photographies fashions usuelles et shooting bien plus dénudés. Marisa se voit dès lors seule, livrée à elle-même, sans argent et complètement soumise au bon vouloir de ses employeurs. En proie au doute, elle est isolée par son entourage dans un manoir perdu et délabré dans les combles duquel un appartement ultra moderne à la décoration pop art, sorte de cage dorée pour fashionista, lui a été spécialement aménagé. Pour échapper à l’ennui, l’égérie des podiums finira par tomber dans les bras d’un photographe rival, passionné et talentueux. Entre conflits amoureux et professionnels, jalousies et faux semblants, c’est toute la dramaturgie classique du triangle amoureux qui se jouera ici, en quasi huis clos, jusqu’à l’épilogue inéluctable, cynique et salvateur.

Her Private Hell, premier film produit par Piccadilly Pictures, compagnie indépendante créée par le distributeur indien Bachoo Sen et l’exploitant de salles Richard Schulman, est sorti le 4 janvier 1968 à Londres.

Premier long métrage de Norman J Warren, qui se spécialisera par la suite dans le fantastique et les films d’horreur (Satan’s Slave, Terror, Prey), ce mélo arty a été tourné en 15 jours avec un budget très restreint de 18.000£.

Très influencé par le style fluide de la Nouvelle Vague française et par les canons esthétiques de la culture Swinging London, ce petit film d’exploitation, mis en valeur par une lumineuse photographie, une mise en scène inspirée et un soundtrack groovy jazzy & jerk incandescent, s’imposera de longs mois durant en tête d’affiche d’un double programme à succès franco-britannique complété par Les Vierges (1963).

L’érotisme dans le cinéma anglais s’était surtout jusqu’ici cantonné aux pseudo documentaires naturistes fripons : on citera pour exemple le fameux Naked As Nature Intended (1961), resté 18 mois en tête d’affiche dans la capitale anglaise.

C’est en brisant tous les tabous de l’époque et en surfant sur l’évolution des mœurs et les critères de plus en plus libéraux du cinéma d’outre manche, que Her Private Hell sera ainsi la toute première comédie dramatique à oser traiter de sexualité de manière véritablement explicite. Subissant quelques coupes de la British Board Of Film Censors, le montage destiné à l’exploitation locale sera d’ailleurs expurgé de quelques scènes de nudités frontales visibles sur la version américaine du film.

HER PRIVATE HELL

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